La maison originale est construite en 1845 sur le chemin du moulin qui porte le nom de rue Scott quand Léon Provancher s’installe à Cap-Rouge. C’est dans cette maison qu’il réalise la majeure partie de son travail scientifique, entre 1872 et 1892. De 1940 à 1947, M. Noël Comeau tente de perpétuer la mémoire de Léon Provancher en transformant la maison en musée. Sa tentative s’avère un échec et il vend la maison au gouvernement du Québec en 1950, laissant la maison à l’abandon.

L’utilisation des pièces au temps de Léon Provancher

«À la droite du hall d’entrée se trouvait le laboratoire, une salle pleine de tiroirs d’insectes et mollusques variés, des étagères couvertes d’oiseaux naturalisés, des pots et bocaux de serpents et grenouilles, des murs décorés de poissons naturalisés, des piles de spécimens de plantes, des livres éparpillés partout, des feuilles manuscrites empilées ici et là par catégorie, et sur la table, une lampe à l’huile, l’inséparable compagnon du microscope. Pour accéder à cette salle de science, il fallait être un scientifique, un collaborateur ou un ami très proche et intime. Sinon, l’accueil se faisait dans la salle de gauche, une cuisine et salle à manger, où de confortables fauteuils invitaient à se reposer. Là, même la plus simple des personnes avait un contact avec la nature; des oiseaux familiers étaient présentés sur des étagères à chaque coin. Au bout du hall, à droite, communiquant avec le laboratoire, se trouvait un musée (un grand mot pour une salle de 8′ X 10′, mais combien plus intéressante que bien des édifices portant ce nom). Le musée et le laboratoire étaient pourvus de baies-fenêtres que Provancher utilisait pour élever des insectes. Des étagères avec des pots de fleurs créaient l’atmosphère nécessaire, de petits panneaux ovales s’ouvraient pour permettre aux insectes d’entrer dans ce piège de lumière, une aération appropriée était également aménagée.
Un buffet de Léon Provancher. Collection Musée de la civilisation.
En un mot, en le citant «Chaque chose est à sa place pour donner aux insectes l’impression d’être libres comme si personne ne les regardait, observait ou notait leurs actions». La salle utilisée comme musée était plutôt simple, aucune chaise, table ou ameublement sauf un buffet, quatre cabinets moyens à tiroirs remplis d’insectes numérotés et identifiés et dans le coin droit une vieille commode dans laquelle Provancher gardait son herbier. À l’arrière de la maison, à gauche et en face de la salle de musée, la cuisine, dans le centre du hall un poêle à deux ponts et tout près un escalier étroit menait au second étage.
Un cabinet de Léon Provancher. Collection Musée de la civilisation.
En haut à droite, Provancher avait sa chapelle privée, petite mais commode. En face, une porte menait à sa chambre. À gauche de l’escalier deux chambres, une pour sa nièce qui a vécu avec lui jusqu’à sa mort et une autre en façade de sa maison, au-dessus du laboratoire pour les invités.» Traduction libre d’un article de Noël M. Comeau, paru dans Annual report of entomological society, « The Provancher Museum », Ontario, nº70, p. 17-20, 1939.

De nombreux invités

Ce kiosque, situé sur le terrain de la fabrique de la paroisse de Saint-Félix de Cap-Rouge, jusqu’aux environs de 1990, serait celui de l’abbé Provancher.
Très hospitalier, l’abbé Léon Provancher invite beaucoup à sa table et à son logis, au point d’embarrasser l’administration domestique. Il prête généreusement ses collections ainsi que les livres et revues de sa bibliothèque. Scientifiques, professeurs, ecclésiastiques et amis viennent de loin pour consulter l’éminent naturaliste. Au fond d’un magnifique jardin où muguets, balsamines et clématites se côtoient, se dresse un kiosque qui agrémente le séjour des nombreux invités à l’heure du thé pour d’intéressantes causeries. Un jeu de croquet permet de terminer la soirée sur une note plus légère, même lorsque la nuit vient, grâce à la lumière des lampes à pétrole. «Quand le jeu de croquet se vulgarisa dans le pays, l’abbé Provancher aménagea, en arrière de sa maison un terrain destiné à cet amusement et qui avait bien vingt-cinq pieds de longueur sur une douzaine de pieds de largeur. Et vers la fin des après-midi, quand le soleil avait assez baissé pour nous donner de l’ombre, nous envoyions -je le dis avec quelques craintes pour notre réputation de naturaliste- nous envoyions promener coléoptères et mollusques pour aller engager des parties de croquet! Que dis-je? Après le repas du soir, nous redescendions sur le champ de la lutte; et la nuit nous surprenait-elle le maillet à la main, des lampes de pétrole éclairaient le terrain où nous nous mesurions. Voilà … à quels excès l’amour du jeu peut entraîner parfois même de graves naturalistes.» Chanoine V.-A. Huard, La Vie et l’Oeuvre de l’Abbé Provancher , 1926, p.494.

De nouvelles vocations

En 1989, la maison est entièrement démolie puis reconstruite en s’inspirant du modèle original. La Maison Léon-Provancher est aujourd’hui la propriété de la Ville de Québec. Depuis 1990, elle est gérée par la corporation La Maison Léon-Provancher, et abrite un centre d’interprétation qui propose une exposition permanente à la mémoire du grand naturaliste.
C’est en 1971 que monsieur Jean Déry lui donne sa nouvelle vocation. Le Café Provancher accueille, avec simplicité, les habitués de la région. La Ville de Cap-Rouge exerce son droit de rachat, en 1983, pour la rénover.

Quelques éléments extérieurs de la maison avant sa démolition…

Léon Provancher agence avec goût de nombreux cactus et autres plantes à fleurs dans ses fenêtres arquées (bow-window). Des insectes s’y aventurent par de petites ouvertures ovales. Elles donnent sur l’extérieur et permettent l’observation de leurs mouvements.
Fronton : cette pièce, conservée lors de la démolition, est exposée à la Maison.